Skip to main content
Par Charlotte Cosset Publié le 20-09-2019 Modifié le 20-09-2019 à 01:11

Dans la nuit du 20 au 21 septembre 1979, l’empereur auto-proclamé Jean-Bedel Bokassa était renversé par une opération militaire française. À l’époque c’est l’euphorie, on veut détruire tout ce qui est lié au régime de Bokassa. Mais aujourd’hui à Bangui, c’est avec un regard bienveillant qu’est regardé l’héritage de Bokassa.

Jean-Bedel Bokassa
« Évreux, septembre 1979. Il y a vingt heures maintenant qu’une Caravelle bleue et blanche, immatriculée TL AAI, s’est posée, sur la base militaire 105. À l’intérieur ils sont vingt-six à se partager les fauteuils bleu azur de l’avion, cadeau, en son temps, du président Pompidou au chef de l’État centrafricain, Jean-Bedel Bokassa, qu’un coup d’État vient de renverser. » Ce texte est extrait du livre de Jacques Duchemin, ancien ministre de la Communication de Bokassa. Il y raconte son expérience dans un ouvrage romancé sur la vie de l’Empereur et de ses souvenirs à la Cour impériale. Plusieurs passages croustillants y décrivent Jean-Bedel Bokassa dans tous ses états.
La nostalgie prédomine dans la capitale
Si aujourd’hui ces souvenirs pourraient prêter à sourire, à Bangui, le sentiment est tout autre. C’est bien la nostalgie qui prédomine dans la capitale autrefois surnommée Bangui la Coquette. « Il faut remettre Bangui en Coquette », réclame ce vieux chauffeur de taxi exaspéré. Lorsque l’on arpente les rues cabossées de la capitale, les traces de Bokassa sont partout. Ministère des Affaires étrangères, université, avenue des Martyrs, palais présidentiel de la Renaissance… Les fondements de la capitale centrafricaine ont été élevés par l’empereur ou à son époque.
Si l’héritage architectural est bien présent, il est le plus souvent en mauvais état faute d’entretien. Peu de choses restent du mobilier qui a massivement été pillé lors de la chute. « Les pillages ont commencé d’abord là où il y a eu le couronnement, le centre omnisport. On a vu les charrettes qui transportaient Bokassa qui sortaient », se souvient Vincent Kongo, un haut cadre de l’administration de cette époque, témoin de ces scènes. « On était un peu écœuré, mais les gens ne voyaient pas la gravité de la chose, que c’était un endroit historique qu’il fallait protéger parce que ça aurait pu servir aujourd’hui de musée. » Aujourd’hui, très peu d’objets sont visibles au musée de Bangui.
Souvenir d’une époque fastueuse
C’est un sentiment d’âge d’or qui aujourd’hui prédomine. Malgré la banqueroute de fin de règne, les salaires des fonctionnaires impayés, à Bangui, on garde en mémoire le souvenir d’une époque fastueuse. Henri Gouandja, un des opposants de l’empereur, insiste sur ce point : « À l’époque il y avait beaucoup d’entreprises, plus de 200 à Bangui. Maintenant, il y en a peut-être quatre ou cinq, c’est tout ! C’était un dictateur, mais il y avait des entreprises et ça marchait… Il y avait un développement économique, la RCA n’était pas un pays pauvre, comme aujourd’hui… »
L’Empereur avait notamment lancé l’« opération Bokassa », vaste programme d’économie agricole : coton, café, cacao… En ville, les traces d’une ancienne conserverie sont présentes et en région comme à Batangafo, on peut voir les murs d’une ancienne manufacture. Les populations se souviennent d’une époque d’activité où les champs étaient cultivés et où les devises rentraient. La nostalgie d’une période faste d’autant plus exacerbée par les années de conflit de ces dernières années qui a conduit à l’occupation d’une partie du territoire par des groupes armés, empêchant la tenue normale des activités économiques.
Le père de 56 enfants
L’héritage Bokassa est aussi bien sûr familial. Jean-Bedel Bokassa revendiquait la paternité de 56 enfants. Un patronyme lourd à porter surtout au moment du coup d’État. À ce moment-là,  une partie de ses descendants changent de patronyme pour des questions officiellement de sécurité. Aujourd’hui, la plupart des enfants Bokassa se font discrets. Certains – qui ont décidé de sortir de l’anonymat - font un portrait de leur père peu élogieux.
C’est le cas de Marie-France Bokassa dans son livre récemment paru « Au château de l’ogre ». Mais ce nom, l’un de ses fils – sans doute le plus connu à Bangui - l’assume. « Porter le nom Bokassa reste et demeure un honneur et est un tout qui doit non seulement s’assumer, mais on doit se montrer digne de pouvoir le porter », affirme Jean-Serge Bokassa. Impliqué en politique, il entend bien redorer le blason de ce nom encore aujourd’hui si décrié. « Une société se construit avec des modèles, ajoute-t-il. Nous gagnerons à nous laisser inspirer par son patriotisme, sa rigueur au travail, son sens élevé de l’honneur, etc ».
Ce nom qui a fait trembler la République française et qui a coûté la réélection du président Valéry Giscard d’Estaing suite à l’affaire des diamants.

Comments

Popular posts from this blog

LES BRASSERIES DU CAMEROUN: Poised to revamp dying North West Economy.

As the crisis persists in the Anglophone regions of Cameroon, economic sabotage has been part of the modus operandi of the Separatists. One of the companies that have suffered from such sabotage is the Brewery company, Les Brasseries Du Cameroun. However in it’s new program as announced by the company Earlier this year, it seeks to revamp it’s commercial Centre in Bamenda and the 4 Depots of Kumbo, Nkambe, Wum and Fundong. This with a workforce of 400 workers, over 200 in Bamenda and about 50 in each of the 4 Depots, with a majority of the workers hailing from the North West Region. It is calculated that, over 30 Suppliers, two of whom supply the majority of the drinks sold in the Bamenda Commercial Centre, about 3000 regular retailers and over 2000 in the informal sector will get employed. They will be able to develop their families and improve on their livelihood by educating their children, building decent homes, and investing in diverse fields,...

NORTH WEST PUBLIC INDEPENDENT CONCILIATOR

The PIC while addressing local masses in Wum Council area, Mr. Tamfu Fai, appealed to the government to create divisional representations.   In the Anglo-Saxon tradition, it is customary to set up independent authorities responsible for settling disputes between users and regional and council administration. In line with this logic, Law No.2019/24 of 24 December 2019 to institute the General Code of Regional and Local Authorities provides for an independent authority called the Public Independent Conciliator (PIC) in the North-West and South-West Regions. The office holder is by no means a legal authority or a judge, as the competences and powers entrusted to him are not of a legal nature. The PIC is responsible, inter alia, for amicably settling disputes between users and the regional and council administration, defending and protecting rights and freedoms with regard to the relationship between citizens and the region or the councils thereof, conducting any investigation on the f...

FRENCH PRESIDENT, EMMANUEL MACRON, DISAVOWS DECENTRALIZATION AS SOLUTION TO ANGLOPHONE CONFLICT; OPTS FOR REGIONALISM.

  Image an elephant walked into the room. It's definitely something you would notice. It's also something people would describe in many different ways. Some might see it as a monster or a threat, while others (like The Colbert Factor) might think it's the greatest thing ever. It would ultimately mean something different to everyone, and that would influence the way each person understood it. The visit of the French President was the elephant walking into the Cameroon room.   Emmanuel Macron and Paul Biya in Yaoundé. July 25-27 2022 Last week's visit by recently re-elected French President, Emmanuel Macron, was too substantial to ignore. To most ordinary Cameroonians, his remarks after the close to two hours high-level talks with long-serving President Paul Biya, were great. To others, (especially those in government), they were a threat to what government had given a pat on its back for a fast-track of the decentralization process with a Special Status for the North Wes...