PM Dion Ngute cloturant le grand dialogue national |
Le Premier ministre Joseph Dion Ngute se réjouit des
fruits du dialogue et exhorte le peuple camerounais à être épris de
paix. C’était lors de son discours bilan ce 4 octobre 2019.
« Oh Dieu de miséricorde, bénis le Cameroun ». Cet appel a été repris
en chœur par des leaders religieux. Des prières une fois de plus en ce
jour de clôture des travaux du Grand dialogue comme à l’ouverture pour
une paix durable au Cameroun. Musulmans, protestants, pentecôtistes,
catholiques et tous les participants ont élevé les mains au Ciel afin
que les résolutions de 5 jours de réflexion puissent mettre fin à la
crise de trois dans le NOSO.
Rapport général des travaux
Lu par le coordinateur du Secrétariat technique du Grand dialogue,
Félix Mbayu, ce rapport résume les recommandations faites par les 8
commissions. Pour l’essentiel elles mettent l’accent sur :
– l’urgence d’une reprise effective des classes dans les régions en crise,
– l’organisation d’un forum national de l’éducation,
– l’urgence d’une reprise effective des classes dans les régions en crise,
– l’organisation d’un forum national de l’éducation,
– la création de Common law school et une décentralisation effective.
Aussi le rapporteur général a-t-il rappelé quelques fruits du dialogue,
surtout l’arrêt de poursuite contre 333 personnes incarcérées dans le
cadre des tensions dans le Nord-ouest et le Sud-ouest, décidé par le
chef de l’Etat Paul Biya.
Anciens sécessionnistes |
Une vingtaine d’autres jeunes ex-combattants ayant déposé les armes se
sont présentés pour accepter l’offre de paix du président de la
République en ce jour d’apothéose du Grand dialogue national au Palais
des congrès de Yaoundé. Puis, les membres de la commission Diaspora ont remis leur cotisation
spontanée au Premier ministre, près de 3 millions de F en soutien aux
victimes de la crise.
Commission Diaspora
Satisfaction du Premier ministre
Joseph Dion Ngute se félicite de la sérénité et de l’esprit de
concorde qui ont marqué le déroulement des travaux en commission pendant
5 jours. « Preuve de la maturité du peuple camerounais et de sens élevé
du patriotisme » s’est-il réjouit. Il a également insisté sur
l’implication de tous les Camerounais pour le retour de la paix dans les
régions en crise et surtout la reprise des classes. Le chef du gouvernement a rappelé que les contributions au Grand
dialogue national se poursuivent sur le site dédié :
www.nationaldialogue.cm.
La cérémonie de clôture s'est déroulée vendredi après-midi au
Palais des Congrès de Yaoundé dans une ambiance assez détendue. Ces
assises aboutissent à la réaffirmation du principe de la décentralisation, avec l’octroi d’un statut spécial aux deux régions anglophones. Les contours sont toutefois encore flous.
Le Premier ministre Joseph Dion Ngute, qui a présidé ces discussions, a estimé que le « grand dialogue » était « un succès ».
Le cardinal Christian Tumi, archevêque émérite de Douala, qui appelait
au dialogue depuis de longs mois, est lui aussi très optimiste. C'est « une réussite », selon lui. « Tout le monde a dit ce qu’il pense donc nous partons avec un gibier dans notre sac de chasse. » Il estime que ce dialogue est de nature à ramener la paix.
Quant aux indépendantistes, qui ne veulent pas de la décentralisation, le cardinal assure : « Nous
allons entrer en contact avec eux, ils sont en train de nous suivre. Le
fait que 333 prisonniers politiques ont été déclarés libérés par le
président, c’est déjà quelque chose. On ne peut pas tout faire en même
temps. Il faut commencer quelque part. La joie et la paix ont déjà
commencé. »
Outre l'arrêt des poursuites contre ces 333 détenus, le président Paul Biya a par ailleurs ordonné ce vendredi l'arrêt des poursuites contre « certains »
responsables de l'opposition, notamment ceux du parti de son rival à
la présidentielle de 2018 Maurice Kamto, emprisonné depuis neuf mois.
Le
professeur Jacques Famé Ndongo, ministre d’État, secrétaire de la
communication du RDPC, le parti du président Biya, souligne la qualité
et le sérieux qui ont animé les travaux du dialogue. « Nous sommes
heureux, nous sommes satisfaits. Le dialogue a été une véritable
catharsis. Les propositions ont été pertinentes et fructueuses. Je
savais que le chef de l'État était un homme qui fait ce qu'il dit et qui
dit ce qu'il fait. Nul doute que d'une manière générale, ces
propositions seront matérialisées. »
Quant à savoir quand, « le timing dépend du chef de l'État parce qu'il y a également un coût », explique le ministre. « La
soutenabilité financière est relativement élevée. Il y aura des mesures
qui seront prises dans un très bref délai. Et d'autres qui vont venir
progressivement. La décentralisation : les séparatistes maximalistes
n'en veulent pas. Mais nous sommes persuadés qu'avec le temps, ils
reviendront à la légalité ».
Dans l'attente de la mise en applicationPlusieurs anglophones modérés, partisans d'un retour au fédéralisme et non en faveur de l'indépendance réclamée par les plus radicaux, ont salué eux aussi la recommandation sur le statut spécial aux régions anglophones et la mise en œuvre d’une véritable décentralisation, mais ils restent sur leur garde et attendent de voir si ces résolutions seront bel et bien appliquées et appliquées rapidement. C’est le cas du SDF, l’un des principaux partis de l’opposition camerounaise dont les fiefs sont en régions anglophones. « Les membres du SDF ont travaillé sérieusement et nous attendons maintenant la mise en œuvre des recommandations des commissions, explique John Fru Ndi, le leader historique de l’opposition et président du SDF. Et si ces recommandations sont suivies d’effet, nous pourrons dire : "bien, nous avons fait quelque chose". Mais c’était bien déjà de participer. » « C’est vrai que nous voulons une fédération et non pas seulement la décentralisation et c’est la fédération qui réglerait les problèmes du Cameroun, estime John Fru Ndi, mais ils ont scruté la Constitution et ils ont repéré l’article 6-2 qui permet d’octroyer un statut spécial à certaines zones et j’espère qu’ils vont le faire pour les régions anglophones. Les séparatistes, eux, ne veulent pas de la décentralisation. Si on avait obtenu le fédéralisme, on aurait pu aller les voir et leur dire : "voilà ce qu’on a obtenu" et avancer à partir de là. » Le révérend Samuel Fonki Forba, président du Conseil de l’Église protestante du Cameroun, lui aussi attend du concret. « Le problème, c'est le contenu, parce que quand on écrit un bon contenu sur la décentralisation ou bien fédération, cela va revenir à la même chose. Pour moi, maintenant, c'est la mise en application. Ce qu'on a dit pour la décentralisation. Je dis ça parce qu'on a vu dans le passé que le président, que le gouvernement ne met pas le texte en application. Si on ne met pas en place une commission de suivi pour voir l'application de toutes les résolutions, on n'aura pas avancé. Donc, on a perdu notre temps ici à Yaoundé. » |
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